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 Yolanda Yeabow

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AuteurMessage

Je me nomme
Yolanda Yeabow

Yolanda Yeabow

Admin

✝ Arrivée à Vienne : 18/09/2012
✝ Sorts : 224
✝ Baguette : bois d'if et plume de phoenix



Yolanda Yeabow Vide
MessageSujet: Yolanda Yeabow   Yolanda Yeabow I_icon_minitimeMer 26 Déc - 19:36


Yolanda Yeabow
«Tout sadisme est la volonté délirante d'une impossible possession. »

NomLa noble famille des Yeabow
Prénom(s) Je réponds au doux prénom de Yolanda.
Date de naissance15/03
Âge36 ans
Ecole fréquentée, et filière choisiePoudlard. J'étais à Serpentard.
Statut de SangTout ce qu'il y a de plus pur
NationalitéAnglaise, de mon père. Autrichienne, de ma mère
SituationJ'ai une fille ; je suis la maîtresse de Théodore Crewe depuis quelques années.
HabitationA Vienne, au Manoir légué par ma mère. En Angleterre, au Manoir Yeabow hérité de mon père.
AvatarAngelina Jolie
BaguetteBois d'if, et plume de phoenix. 27 centimètres. Très souple.
Loisirslecture ; torture ; les grandes réceptions
EpouvantardKimberley Field
PatronusUn aigle, comme l'homme que j'aime et père de ma fille.
MétierJ'enseigne l'Histoire de la Magie et je me charge de l'option d'Histoire de la Magie Noire à Durmstrang ; en outre, je suis directrice adjointe de l'école.
Localisation actuelleVienne
Pro-Grindelwald ?Bien sûr. Je fais partie de ses fidèles les plus proches.
RêveAvoir pu voir ma fille grandir.
..LE MAL RELEVE DE L'ACQUIS..
..ET NON DE L'INNE.
.
C’est un paysage de rêve.
Et les paysages de rêves sont toujours flous.
Beaux comme un tableau impressionniste.

Yolanda avance. Dans les rêves, on peut marcher des kilomètres sans être fatigués ; elle, elle sait qu’elle marche depuis longtemps. Elle sait où elle va, elle connaît la direction à prendre, mais elle ignore vraiment les raisons qui la poussent à y aller.
Il n’y a pas de pourquoi, dans un rêve.

Le Manoir est là. C’est son Manoir d’Angleterre. Elle sent quelque chose dans son cœur se déchirer. Bien sûr, dans les rêves, les émotions sont légères, mais de ce rêve-ci, l’étoffe de mélancolie est assez rude, assez dure au toucher.

« Papa est mort hier soir. »

C’est une petite fille qui a parlé. Elle est très jeune. Elle a sept ans. Peut-être huit.
C’est l’âge où l’on change. L’âge qui marque.

Yolanda ne paraît pas déroutée une seconde par ces traits enfantins si semblables aux siens, par ces grands yeux noirs qui soutiennent sont regards, ou par l’air de souffrance sur le visage de la petite fille. On est dans un rêve et dans les rêves rien n’est étrange.

« Je sais.
—C’est affreux.
—Je sais.
—J’ai peur.
—Je sais »

La petite fille se lève, et toutes les deux marchent dans le parc du Manoir. L’herbe est noire. Et les roses sont violettes.

« Je sais qu’ils ne s’aimaient pas. Que Mère ne l’aimait pas.
—C’est parce qu’on a arrangé leur mariage. Nous sommes de Sang-Pur, et il faut conserver cette pureté. On a fait venir Mère d’Autriche pour qu’elle l’épouse. Elle descendait d’une grande famille de Sang-Pur européenne.
—Je ne comprends pas.
—Tu comprendras. »

Elles continuent de marcher.

« J’en ai assez. Je ne veux pas de cette vie de Sang-Pur.
—Tu dois l’accepter. Nous sommes supérieurs.
—Je sais… Oh je sais… Bien sûr que je sais, et j’en suis contente. Mais ils décident de notre vie pour nous. Ils ont un contrôle total sur nos journées. Il faut penser comme eux, faire comme eux, aspirer à devenir comme eux.
—Ils ?
—Les grandes personnes. Mère. Je sais que ce sera pire maintenant que père est mort.
—Oui. Elle va vouloir te fiancer.
—C’est ridicule.
—Ne t’inquiète pas. Nous nous en sortirons.
—Tu crois qu’elle nous aime vraiment ?
—Ne sois pas naïve. Bien sûr que non. Je crois… Je crois que Père nous aimait.
—Oui, un jour il m’a souri.
—Exactement. Et il prenait notre défense. Je pense qu’il était bon. Heureux. Elle, c’est une femme aigrie. Elle a toujours mal supporté sa condition, et elle va vouloir se venger sur toi, parce que nous sommes l’enfant d’une union qu’elle n’a jamais voulue, et qui l’a faite souffrir.
—C’est une femme intrigante. Tu as l’air de savoir beaucoup de choses. Est-ce qu’elle t’a déjà parlé ?
—Non. Mais j’ai eu le temps d’y réfléchir.
—Tu as quel âge ?
—Trente-six ans. »

Pause. Silence.
Elles recommencent à marcher.
Les paroles continuent d’affluer.

« J’ai hâte d’aller à Poudlard. Et d’apprendre. Je lis énormément, aussi. Mais je dois lire cachée. Je travaille tous les jours, tu sais. Je perfectionne l’allemand, et j’apprends le russe.
—Tu en auras besoin.
—Oui. Je sais. Et où est-ce que j’irais, à Poudlard ?
—A Serpentard. Ce seront de belles années. Pas heureuses, mais tranquille.s
—Qu’est-ce que c’est, le bonheur ?
—La satisfaction du travail bien fait. Tu seras brillante.
—Je sais. La meilleure. Et j’aimerais l’Histoire de la Magie, et que je serais fascinée par la Magie Noire.
—Oui.
—Et après ?
—Oh… Après… »

Yolanda ferme les yeux. Les larmes perlent. Elle est dans son rêve, mais même dans les rêves, ça continue de faire mal.
Lorsqu’elle les rouvre, ses prunelles sont semblables à deux charbons ardents ; son regard est effroyable ; son cœur frémit encore.

« Tu as vu ? Tu as vu ce que je suis devenue ?
—Vous êtes un cadavre », répond l’enfant.
Sa voix est claire, son regard est pur.

« Je suis tous les sales gestes et toutes les sales pensées. Je suis l’orgueil, l’égoïsme, le vice, le crime. Ils ont tous peur de moi et se reculent. Tu le sais pourtant que je suis tout cela et que je serai bientôt la déchéance, la vieillesse haineuse. Alors, puisque tu le sais, pourquoi n’arrêtes-tu pas de me regarder ainsi ? Je n’en veux pas de ta tendresse. Je n’en veux pas de tes bons yeux.* »

Les pieds nus de la petite fille font quelques pas en arrière, dans l’herbe.
Elle paraît terrifiée un moment ; puis le courage reprend, et elle parle d’une voix grave et sérieuse qui ne lui va pas.

« Y a-t-il vraiment des relents de mal en moi ? Suis-je prédestinée à accomplir ce que vous avez accompli ? Ne pourrait-il pas en être autrement ? Oh… Dites-moi… Alors en fin de compte je suis mauvaise ? »

Yolanda souri.

« Tu es une Yeabow. Cela ne t’aiderait pas à être meilleure. Ecoute moi. Le mal relève de l’acquis et non de l’inné ; on ne naît pas mauvais, on le devient. Notre environnement nous a influencée. Tout cet orgueil, cet égoïsme, nous l’avons sucé dans notre lait, enfant. On nous a nourries de luxe, de faste, d’argent ; la nuit, on nous berçait en nous soufflant, dans notre sommeil, des rêves de pouvoir, des rêves d’ambition. Dis-moi, est-ce que tu sais ce que c’est que l’amour ? Sais-tu ce que c'est que ce supplice que vous font subir, durant les longues nuits, vos artères qui bouillonnent, votre cœur qui crève, votre tête qui rompt, vos dents qui mordent vos mains ; tourmenteurs acharnés qui vous retournent sans relâche, comme sur un gril ardent, sur une pensée d'amour, de jalousie et de désespoir ! »

—Oh, comme je me sens ignorante…! » Elle reprend. « Mais alors, il n’y a plus de chance de me racheter ?
—Si… Si, bien sûr. Mais… »

Silence.
Les branches d’arbres dansent.
Silence.
Les respirations bruyantes se confondent.
Silence.
L’une d’elle inspire.

« Il entra dans ma vie au printemps de mes vingt ans pour n'en jamais sortir. Des décennies ont passé depuis lors, des milliers de journées fastidieuses et décousues, que le sentiment de l'effort ou du travail sans espérance contribuait à rendre vides, des années et des jours, nombre d'entre eux aussi morts que les feuilles desséchées d'un arbre mort. » **

Elle l’a presque crié. On sent que dans les veines de cette femme déferle la passion.
La petite fille est fascinée ; on le sent dans ses yeux agrandis, dans l’expression avide qui déforme son visage, et en écoutant son petit cœur battre comme un jeune oiseau en cage. L’inconnu, ça fait peur, et ça attire à la fois.

« Jonathan Crewe, n’est-ce pas ?
—Oui. Jonathan Crewe.
—L’homme que vous avez aimé.
—L’homme qui m’a détruite. »

Elles se regardent et il y a dans ce regard toutes sortes de sentiments qui dépassent les mots, et qui les dépassent elles-mêmes. Tantôt elles sont la mère et sa fille ; tantôt elles sont sœurs. Parfois, elles réalisent qu’elles sont la même personne.
En réalité, elles ne sont que la femme et l’enfant.

« Je me fiche de la destruction. Je suis forte, vous savez. Je pense qu’avoir mal, avoir un peu mal, ce n’est rien, n’est-ce pas, comparé à l’amour.
—Je te croyais moins naïve.
—J’ai honte. Mais je veux apprendre ce que c’est.
—Tu changeras à l’adolescence. »

Il y a un banc et des coussins. L’herbe est déjà humide. L’enfant veut reposer ses pieds nus.
Elles s’assoient. L’enfant est en tailleurs.
Yolanda se rend compte un moment qu’elle est dans un rêve ; éclat de lucidité fugitif dans une étendue de brume fournie. Elle craint de se réveiller. Puis elle oublie.

« Tu sais qui est Grindelwald ?
—Mère m’en parle. Il est en Allemagne, n’est-ce pas ?
—En Autriche. C’est un mage noir. Il a un rêve.
—Oui ?
—Il rêve d’un monde où les sorciers seraient libres. Bientôt, chez moi, nous n’aurons plus à nous cacher. Bien sûr, il n’hésite pas à user de pratiques obscures, mais il est puissant… Les Moldus seront asservis. Les Sang-Pur règneront.
—Oh…
—Lorsque je suis sortie de Poudlard, Mère a voulu me marier. J’ai refusé. Mon père n’était plus là, et elle était très malade, très affaiblie. J’ai commencé, moi, à devenir forte. Oh, c’était une sorcière expérimentée, et très impulsive, très violente, mais elle vieillissait… Mon tempérament s’affirmait… Elle m’a envoyé me calmer chez la famille de son frère, en Autriche. A Vienne.
—Là où vous vivez maintenant ?
—Oui. Oh ! Mes yeux sont encore pleins de cette grandeur du premier soir ! Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée ; ces aigles, ces faisceaux, ce peuple, cette armée ! Vienne, et ses théâtres, et ses opéras, et ses cafés ! J’allais pouvoir lire, lire à m’étourdir, lire à m’oublier ; et surtout vivre à n’en plus pouvoir. A Vienne, on était au cœur même des événements. Moi, j’étais éblouie par ce pouvoir. Je voulais être utile. Je voulais servir Grindelwald.
—On vous a ri au nez.
—Je suis une femme… On ne me croyait pas à la hauteur. On me disait que ce n’était pas mon rôle.
—On vous a sous-estimée.
—Bien sûr. Enfin, Grindelwald a accepté de me rencontrer. Je l’intéressai, je crois. Tu sais, c’est un homme intelligent. Le genre à se poser des questions. A s’interroger sur le genre de gens qui se disaient ses fidèles.
—Et il a accepté.
—Il m’a confié une mission. Une mission difficile pour une première fois, que j’étais certaine de réussir.
—Que vous auriez pu réussir.
—J’avais tout prévu pour. Mais il y a des ouragans dans la vie que l’on ne prévoit pas.
—C’était quoi ?
—Tu sais, Grindelwald était dictateur, et son pouvoir commençait à s’étendre en Europe. Dans toute dictature, il y a des opposant – et des espions. Je devais localiser un groupe ennemi en Angleterre, un des réseaux de résistance, et l’infiltrer. C’était tout. J’ai reçu du Polynectar, et la mèche de cheveux d’une prisonnière anglaise dont je devais prendre l’apparence : Kimberley Field.
—Elle était belle ?
—Elle était blonde. Avec des yeux chocolats. »

L’enfant se lève. Ses pieds sont reposés.
Yolanda la suit.

« J’ai l’impression que c’est une histoire que je connais, qu’on m’a déjà répétée infiniment... Jonathan Crewe était un opposant, n’est-ce pas ?
—Il résistait. C’était un homme très courageux.
—Est-ce qu’il est à notre hauteur ?
—Je ne sais pas. J’ai été chargée de vouloir m’engager dans la résistance, et c’est lui qui devait tester ma fiabilité. Je l’ai séduit ; il m’a plu. Je suis tombée amoureuse – c’est tout.
—Comment est-ce que vous avez fait ?
—Je ne sais pas.
—C’était bien ?
—Je ne sais pas.
—Un jour vous n’éprouviez rien, et puis le souvenir d’après, vous l’aimiez. »

Yolanda acquiesce.

« Je ne sais pas par quel miracle j’ai découvert qu’il partageait mes sentiments. Je l’ai aimée parce qu’il était bon, parce qu’il était mon exact opposé. Pour quelqu’un de candide et d’encore innocent, ça ne paraît pas grand-chose d’être bon ; moi, qui avait fait le mal, je savais quel exploit c’était. Puis lorsqu’on parlait… Je… Je savais que…
—Que vous vous adressiez à quelqu’un qui était à la hauteur.
—Oui. John était à la hauteur.
—Mais il aimait votre mensonge ? Kimberley ? il n’a pas connu votre véritable apparence ?
—Il n’a connu qu’un mensonge, en effet. Mais nous avons vécu ensemble… J’étais très heureuse. Dans un premier temps, je n’oubliais pas de faire des comptes rendus réguliers à Grindelwald de ce qui se passait du côté résistant ; bientôt, j’avais tout oublié. Je ne vivais que pour John. Il m’avait… Je m’étais installée dans son Manoir, le beau Manoir Crewe… Et là, là je te jure que je me suis sentie chez moi, plus que nulle part ailleurs.
—Vous avez été lâche, si vous n’avez rien su lui dire. Vous avez été bête de frôler ainsi le bonheur. »

Yolanda ne dit rien. Ses yeux scintillent ; ils se sont humidifiés.
Lorsqu’elle ouvre la bouche, elle parle sur un ton calme et maîtrisé.

« Tu me rappelles ma fille. Tu parles comme elle. Vous avez cette même pureté de l’enfance de croire que tout est simple et qu’il suffit d’être bon.
—C’est la fille de Jonathan Crewe ?
—Oui. Ariane. John a commencé à me parler de fiançailles, et je menaçais de craquer, de lui dire toute la vérité, de me détourner à jamais de mon rang et de mon devoir. Le jour commençait et le jour finissait en me dépossédant à chaque fois d’un peu de mon orgueil. Seulement…
—Vous avez découvert que vous étiez enceinte. Et vous avez fui.
—Oh…! Je ne savais pas quoi faire…!
—N’essayez pas de vous justifier.
—J’ai fui, oui. Je suis rentrée chez moi, au Manoir.
—Ici.
—Oui.
—Et Mère ?
—Elle agonisait. Lorsqu’elle m’a vue revenir, après des mois d’absences, l’air hagard, le teint pâle, les yeux fous, elle n’a rien dit. Oh, elle savait que je m’étais engagée chez Grindelwald, et je crois qu’elle en avait été fière, mais j’étais partie vivre avec Jonathan presque un an sans me soucier de rien lui dire. Sa maladie empirait. Je ne voulais rien lui dire, bien sûr. Il y a eu un accident étrange, et elle est morte quelques jours après mon retour. »

L’enfant plaque les mains à sa bouche, dans un grand élan d’horreur.
Yolanda glisse une main sur son visage, caresse sa joue, ses traits crispés, ses cheveux défaits.

« Finalement Ariane et moi ne sommes pas différente… Finalement, c’est peut-être uniquement le fossé des épreuves qui nous sépare.
—Ne dites plus rien sur Mère. Je pense qu’il y aurait bien des choses à dire sur nous et elles, mais que ce n’est pas le sujet, n’est-ce pas ? Que cela, nous ne sommes pas là pour en parler aujourd’hui.
—Oui.
—Comment est née l’enfant ? Est-ce que je saurais… Nous avons su aimer une enfant ?
—A la folie. C’est comme la première douleur causée par la mort de notre père. Cette fois, c’était la première fois qu’une passion si violente… Je… Elle était… Elle… J’étais seule lorsqu’elle est née. Au Manoir. Blonde comme les blés, belle comme son père. Ariane. Ariane Yeabow Crewe. Mon amour. Mon combat. »

La nuit va bientôt partir, alors Yolanda sent qu’elle doit se dépêcher.

« Il y a tant à dire… Je… L’amour que j’ai eu pour elle était un amour meurtrier. C’était les limites de la folie. J’étais seule, et soudain ! Soudain nous étions deux ! Mais je n’ai pas eu le droit de la garder longtemps.
—Jonathan t’a retrouvée.
—Il me l’a volée, et m’a fait croire sa mort. Oh, si tu savais les douleurs qui t’attendent ! Si tu savais mon supplice !
—L’aimiez vous ?
—Ariane ? Je me serais asservie et vendue s’il l’avait fallu. J’aurais donné ma vie dans ce monde pour sa liberté, et dans l’autre pour son bonheur. Il me suffisait de la regarder pour me sentir vivante, heureuse ; j’atteignais le ciel et je caressais les nuages.
—Vous êtes ridicule. Ce n’est pas comme ça qu’on répond à ce genre de questions.
—Peut-être. Je ne sais pas quoi répondre. Cette enfant a été le noyau de mon existence.
—Vous êtes bien niaise.
—Sois mère, et parle après. »

Elles sont derrière le Manoir. Le domaine est immense. L’herbe est longue.
Les premiers rayons de soleil arriveront vite.

« Trois silhouettes noires sont venues. Je me suis battue pour défendre ma fille, mais j’étais vaincue par le choc et l’incompréhension. Ils me dominaient par le nombre. Je me doutais bien que c’étaient des résistants qui cherchaient vengeance, mais pas un moment je ne me doutais que ce serait… Que ce serait son père… Ils m’ont vaincue, j’ai perdu connaissance, et le lendemain ma fille n’était plus là.
—Vous avez ensuite rejoint Grindelwald ?
—Je suis revenue. Je suis devenue son esclave. Je me suis vendue à lui, je lui ais offert mon âme comme s’il était le diable. J’étais détruite. Morte de chagrin. Perdre sa chair, et son sang, c’est la plus terrible des douleurs. Perdre celle que tu as portée, c’est un peu de ton cœur que tu entraînes dans l’abîme, dans les enfers avant l’heure. Grindelwald n’a pas voulu de moi – j’étais celle qui avait échoué, celle qui avait succombé au charme d’un Résistant. Je lui ai dit toute l’histoire. Je lui ai dit que j’étais prête à tout pour le servir. Prête à revenir. Il m’a accordé en entretien personnel et a remarqué mes capacités excellentes en magie. Il a compris que je partageais ses idées, et que j’étais prête à aller jusqu’au bout pour lui, pour que sa voix soit entendue. Je te l’ai dit, j’étais devenue une esclave.
—Pourquoi ? Vous me faites un peu honte… Je sens que je ne suis pas tout à fait vous…
—Nous sommes trop différentes. La douleur était intarissable. Il n’y avait que des jouissances animales qui la calmaient. La torture, le crime, le vice ; c’était ce qui me soignait. Je suis restée quelques années à Vienne, à sévir et à faire le mal au nom de Grindelwald. Bientôt, à l’entente de mon nom, on se glaçait et on se taisait.
—Mais vous étiez une femme…
—Une femme complètement folle. J’avais perdu l’esprit et la raison. Mes pouvoirs étaient là, mes forces étaient là, mais mon âme était éteinte en même temps qu’Ariane avait disparu. Derrière une couche fine de vernis mondain, des robes luxueuses et des sourires aguicheurs, j’étais un monstre, et cela se savait ; je me nourrissais du malheur d’autrui, et cela se craignait ; je me jouais de la faiblesse que je sentais, et on me respectait. En outre j’étais une femme, et une femme brillante et cultivée. Lorsque Grindelwald a compris qu’il pouvait compter sur moi, totalement et entièrement me faire confiance, il me permit de retourner à Poudlard. Enseigner. Et espionner pour son compte, comme j’avais su si bien le faire par le passé. »

Il y a des étincelles dorées dans le ciel. Les étoiles brillent encore un long moment avant de s’éteindre. Le ciel noir prend une teinte claire.

« Il y a beaucoup de gens qui souffrent et qui ne deviennent pas des animaux.
—A Poudlard, je me suis beaucoup amusée. Je faisais mal aux élèves. Je les punissais d’être en vie alors que ma fille était morte. Mais j’étais – j’en suis certaine – un excellent professeur.
—Tu enseignais l’Histoire de la Magie ?
—Oui. J’adorais ça. Je rendais la matière vivante. Je m’oubliais toute entière dans l’étude, dans les livres, dans ma passion.
—Au moins quelque chose que tu n’as pas fait de travers. »

L’aube pointe.

« Puis une année… Une année j’ai vu le nom d’Ariane Crewe sur la liste de mes premières années. Moi qui avait passé mon temps à faire de mes élèves mes souffre-douleur, ma propre fille se trouvait parmi le lot. »

L’enfant éclate de rire.

« Il s’est bien joué de vous.
—Il a cru que je n’étais pas apte à l’élever. Ma colère a été terrible. Je suis retournée trouver Grindelwald, à Vienne. Je lui ai expliqué la situation. J’étais complètement affolée. Je voulais ma fille.
—Il a envoyé des sbires le tuer ?
—Il a réussi à faire enlever Jonathan. J’ai convoqué Ariane, je lui ai dit que j’étais sa mère. Avec beaucoup de douceur. Je crois qu’elle m’en voudra toute sa vie. Je lui ai fait croire la mort de son père.
—Vous êtes la pire mère du monde.
—J’ai fait quelques faux pas, quelques faux pas fatals. »

L’enfant rit de nouveau. Le premier rayon du soleil levant éclaire ses cheveux. Ils paraissaient noirs dans la nuit, mais maintenant ils ont des reflets dorés.

« Ariane est venue vivre avec moi.
—Ici ?
—Oui. Elle a été très malheureuse. Si tu savais…
—Je sais.
—Oh… Se réjouir du malheur de sa fille.
Alors qu'on l'aime. Qu'on ne demande qu'à mettre le monde entier à ses pieds, qu'à être son esclave, quand on l'adore, quand on la place au-dessus de tous et de tout, et qu'on sacrifierait jusque son propre orgueil, son propre honneur pour la rendre un peu satisfaite, un peu heureuse peut-être... Se réjouir de son malheur. Cela paraît contradictoire, comme ça. Cela paraît fou. Ariane se transformait sous mes yeux. De l'enfant rebelle et malicieuse, joyeuse et pleine de vie, il ne subsistait que des ruines. La petite fille adorable et aimée, qui aimait son père plus que tout et se contentait de peu, elle avait disparu.La vérité, c'est qu'Ariane n'était plus une petite fille. Dans ses yeux d'azur s'était allumé la flamme terrible du regard amer de l'adulte.
—Ariane se murait dans son silence. Dans sa peur.
—Lorsqu'elle me voyait, ses traits se tendaient, et on sentait la terreur couler dans ses veines, la terreur même se dresser entre elle et moi comme un barrage - terrible, forte, infernale. Je l'invitais quelque fois à passer les vacances avec moi, au Manoir Yeabow. Les vacances, quand j'avais trop besoin d'elle. Il fallait que je m'abreuve de la vision enchanteresse de ses traits enfantins, il fallait que je la sente près de moi, respirer, grandir, vivre, sourire. Il fallait. Cette chose-là, ce désir qu'elle m'appartienne, dépassait tout, je crois. Même - et j'ai honte, aujourd'hui, de l'avouer - même ma volonté de la rendre heureuse. Je pensais que très vite, elle serait à moi ; je croyais pouvoir la modeler à ma volonté. Rien n'en fut. Elle s'obstinait à rester de marbre, la parfaite copie de son père. Et je l'aimais, je l'aimais à en mourir. Mais j'étais égoïste. Ces années d'absence, les années où il me l'avait arrachée m'avaient rendues furieuse et obstinée. Je ne pouvais pas me séparer d'elle, je ne pouvais pas la laisser me haïr loin de moi, avec John, je ne pouvais pas... Cette pensée m'arrachait des larmes de rage, de folie ; cette pensée me torturait, le soir, longtemps ; cette pensée me modelait pour me rendre monstrueuse et impitoyable - avec ma propre fille. »

Cette longue tirade achevée, Yolanda jeta un regard à son double candide. Quelque chose glissait sur son visage. C’était mouillé.

« Et ensuite ?
—Ensuite je suis allée, régulièrement, voir John dans sa cellule. Il était traité convenablement. J’ignore si Grindelwald me surveillait, s’il était au courant. Il s’est passé des choses, ces fois-là, qui m’ont fait changer d’avis.
—Vous êtes mystérieuses.
—On ne peut pas tout te dire. Tu le découvriras. J’ai finalement rendu Ariane à John. Au bout d’un an. Mais ce n’était plus la même. Elle me haïssait. Quelque chose de déchirant me tiraillait le fond des entrailles, et des pensées sombres et étranges me mordaient violemment le cerveau. Ma fille allait rentrer chez chez elle – et je demeurais droite et immobile, placide et muette, comme si cela ne m’affectais guère. Après avoir été égoïste, j’essayais d’être courageuse. Pendant qu’elle préparait ses affaires, John et moi nous sommes éloignés. Une nouvelle fois, je me suis sentie attirée par lui, par ses grands yeux d’azur et ses grands traits d’enfants, alors je me suis laissé porter, et il m’a permis de faire. Une barrière d’interdictions se dressait face à nous pourtant : la barrière des convenances, de son statut de traître à son sang et de rebelle, moi qui était du camp opposé, et celle du mal mutuel que nous nous étions fait et qui nous empêchait de revenir l’un vers l’autre. Pourtant… C’est, bien sûr, le moment qu’a choisi Ariane pour revenir nous voir. Je me souviens encore de l'expression figée de son visage, lorsqu'elle a vu ses bras refermés sur moi, et ses lèvres contre les miennes. Je crois que ça l'a marqué toujours, qu'elle interprétera toujours ce baiser-là comme une trahison de sa part. Je me souviens qu'elle a hurlé, aussi. Qu'elle avait peur que John soit comme moi, avec moi - contre elle. Et je n'oublierais jamais, jamais, comment nous avons oeuvré pour la consoler ensemble. Ensemble. Malgré tous nos différents, toutes nos luttes et tout le mal mutuel que nous nous étions fait, nous nous retrouvions à oeuvrer, à nous investir tous les deux dans un même but : notre fille. Quelques semaines après, Jonathan a voulu lui dire la vérité, et elle a fugué. »

La teinte claire du ciel miroite dans les yeux de l’enfant, mais son regard est un regard sombre.

« Un an a passé. Encore. Je suis devenue la maîtresse de Jonathan. Nous cachions notre liaison aux yeux de tous – même nous, nous tentions d’être aveugles. Notre orgueil en prenait un coup. Néanmoins nous ne nous sommes plus jamais dit je t’aime, jamais avoué notre amour en face. Les six premiers mois ont été calmes. Jusqu’à ce qu’Ariane m’attendent dans les cuisines de Poudlard, et m’empoisonne. Ce jour-là, elle m'a dit que je ne savais pas aimer ; que je désirais, que c'était tout. Qu'aimer, c'était faire des sacrifices, et que mon égoïsme m'en empêchait. Ces paroles m'ont laissées interdite et désemparée. Il y avait quelque chose de vrai dans les paroles de cette enfant, quelque chose qui m'avait transpercée et marquée à jamais. C’a été le choc de mon existence. Je ne dois ma vie qu’au hasard, et au fait que le petit ami d’Ariane se soit trouvé là. Il était bon. Il ressemblait à John. Elle en était profondément amoureuse. Je le haïssais. »

L’adulte parle et reparle, comme si elle était seule et que personne ne l’entendait.

« Le jour où j’ai appris que Jonathan allait se fiancer avec une certaine Kimberley Field, j’ai sombré. »

L’enfant rit à nouveau. Elle demande :

« Et Théodore ?
—Théodore est entré à ce moment-là dans ma vie. J’ai été intriguée par son nom de famille : il s’appelait Crewe. J’ai découvert ensuite qu’il était le frère de John. Son frère aîné, qui l’avait jalousé toute son enfance. Il a essayé de me le cacher. Je n’étais pas dupe. Il m’a tout raconté ; c’était un homme brisé. Je lui ai tout dit à mon tour. Je me suis donnée à lui, corps et âme ; d’abord il a su mon histoire, mon histoire que je n’avais jamais dite à personne, puis il est devenu mon amant.
—Vous ne l’aimiez pas ?
—Je ne suis pas amoureuse de lui. Mais il sert Grindelwald aussi. Il a une position aussi influente que la mienne, dirige le département de la justice magique et…
—Ce n’est pas un argument !
—Bien sûr. Au début, Théodore n’était qu’une vengeance… Et puis il fallait avouer qu’il était attirant. Mais puis… Je me suis accrochée à lui. Il m’a aimée, et aidée. Il a été ma bouée de sauvetage. Je crois que nous en sommes venus à éprouver beaucoup d’affection l’un pour l’autre. C’est quelqu’un auquel je tiens trop pour tomber amoureuse.
—Vous me perdez avec toutes vos histoires… »

Le jour se lève.

« Et maintenant, maintenant est-ce que vous êtes heureuse ? Grindelwald vous a persuadée de quitter notre Angleterre natale, de quitter Poudlard, de quitter Jonathan, et cela pour quoi ? Pour vous installer au Manoir de notre mère, à Vienne, avec votre amant, et être directrice adjointe à Durmstrang ? Et est-ce que vous êtes heureuse ?
—Pas un jour ne se passe sans que je pense à ma fille. »

La lumière dévoile l’enfant sous un jour différent.
Elle avait ses traits, oui, ses traits fiers et glacés ; elle avait son regard orgueilleux et hautain ; elle avait son sourire un peu menaçant. Sous la nuit, c’était le miroir d’elle-même, avec vingt ans en moins ; sous le jour, elle avait de grands yeux bleus et des cheveux blonds emmêlés.

Quelque chose de sombre enveloppe Yolanda ; elle sait que tout ça n’est pas réel ; il y a un combat entre la réalité qui l’appelle, et le rêve qui la retient encore.

« Ariane ! »

***

« Ariane ! Ah, Ariane… »
Elle s’est éveillée en sursaut, encore tremblante, encore bercée par la torpeur de son rêve. Et elle se sent seule, atrocement seule, atrocement perdue…

« Yolanda ?
—Oh… Théodore… »
A ses côtés, Théodore ne dort pas. Entendre sa voix, c’est le plus grand des apaisements. Il perçoit son désarroi, son angoisse, son trouble, et se rapproche d’elle. Doucement, il embrasse son front, lui murmure que tout va bien, et caresse son visage ; reconnaissante, elle se blottit contre lui. Elle ne lui dit rien du rêve qu’elle a fait, ni de l’Ariane qui est apparue à la toute fin, alors que cette enfant était censée être elle-même ; elle ne lui dit pas non plus que sa fille lui manque, que le sol de l’Angleterre lui manque, que l’absence de Jonathan la torture. Quelque chose dans ses entrailles remue et elle sent son âme bouleversée par l’apparition qu’elle vient d’avoir ; il y a quelques secondes encore, elle était en face de sa fille, choquée, troublée, mais en face de sa fille quand même.

Bien sûr, maintenant il y a Théodore, cet homme parfait et ce double d’elle-même, qui lui rend la vie plus douce, plus agréable, plus lumineuse ; en outre, il est sa vengeance sur Jonathan. Mais cette existence artificielle en vient à la lasser. Ces bals, ces fêtes, ces réceptions dans le beau monde lui plaisaient et l’amusaient, bien sûr ; il n’empêche que ce beau monde, aussi amusant qu’il fût, est fade et morne. Pas de saveurs dans sa vie désormais, pas de couleurs. Elle s’investit totalement dans ses cours, à Durmstrang, laissant libre cours à sa passion de l’Histoire, de la Magie noire, des livres et de tous ces domaines-là. Se consacrer à l’étude, sa lumière première, cela la détendait et lui faisait du bien. Puis elle continuait à servir Grindelwald, et à le servir fidèlement avec Théodore, malgré les contestations qui s’élevaient à cause de son statut de femme. Néanmoins elle sentait que sa vie manquait de quelque chose. Elle avançait, avançait, s’élevait dans les sphères puissantes, avait enfin accès au pouvoir convoité… mais… Cela lui laissait un arrière-goût amer. Comme si elle aurait dû avoir un autre rôle, écrire une histoire différente.

* Jean Anouilh
* Fred Uhlman
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